Une rose pour Emma (Conte d'été)
Au jardin, j’avais trois roses, sur mon rosier. Et, à écouter les roses parler, je vous assure on finit par les connaître. J’avais donc nommé la première, Prétentieuse. La seconde, Egoïste. La troisième, Douce. Toutes trois, bavardaient, parfois.
Ce matin, j’ai surpris une conversation. Prétentieuse disait à peu près ceci : « Je suis heureuse d’être la plus belle, du côté de la rue. Tout le monde peut me voir et m’admirer. Et toi, Egoïste, que penses-tu ?
- Moi, je vais bien, je suis au soleil. Il faudrait que le jardinier taille les branches qui me gênent - en particulier - du côté de Douce. Elle me fait de l’ombre. Et toi, Douce, à quoi songes-tu ?
- Tout va très bien. Je suis tranquille, dans mon petit coin. J’aimerais, simplement, être utile à quelque chose. Tenir compagnie à une âme seule, dans un petit boudoir.
- Pourquoi n’attends-tu pas que le temps passe, naturellement, en profitant du soleil et du beau temps ?
- Le Petit Prince disait qu’il lui suffisait, pour être heureux, de regarder, parmi les millions d’étoiles, la planète sur laquelle se trouvait sa rose. J’imagine donc que je pourrais devenir l’amie de quelqu’un, qui serait heureux, rien qu’en me regardant. L’amitié est chose très utile ! »
Prétentieuse et Egoïste échangèrent un regard désespéré qui semblait dire : « Quelle sotte ! »
Je fus touchée par la sensibilité de cette rose, douce et discrète. Alors, je l’ai délicatement cueillie au rosier et emportée avec d’infinies précautions.
Au jardin, j’avais trois roses, sur mon rosier. Et, à écouter les roses parler, je vous assure on finit par les connaître. J’avais donc nommé la première, Prétentieuse. La seconde, Egoïste. La troisième, Douce. Toutes trois, bavardaient, parfois.
Ce matin, j’ai surpris une conversation. Prétentieuse disait à peu près ceci : « Je suis heureuse d’être la plus belle, du côté de la rue. Tout le monde peut me voir et m’admirer. Et toi, Egoïste, que penses-tu ?
- Moi, je vais bien, je suis au soleil. Il faudrait que le jardinier taille les branches qui me gênent - en particulier - du côté de Douce. Elle me fait de l’ombre. Et toi, Douce, à quoi songes-tu ?
- Tout va très bien. Je suis tranquille, dans mon petit coin. J’aimerais, simplement, être utile à quelque chose. Tenir compagnie à une âme seule, dans un petit boudoir.
- Pourquoi n’attends-tu pas que le temps passe, naturellement, en profitant du soleil et du beau temps ?
- Le Petit Prince disait qu’il lui suffisait, pour être heureux, de regarder, parmi les millions d’étoiles, la planète sur laquelle se trouvait sa rose. J’imagine donc que je pourrais devenir l’amie de quelqu’un, qui serait heureux, rien qu’en me regardant. L’amitié est chose très utile ! »
Prétentieuse et Egoïste échangèrent un regard désespéré qui semblait dire : « Quelle sotte ! »
Je fus touchée par la sensibilité de cette rose, douce et discrète. Alors, je l’ai délicatement cueillie au rosier et emportée avec d’infinies précautions.
J’ai choisi le plus beau vase, un col de cygne en cristal, afin de mettre en valeur sa délicatesse et son élégance raffinées. Toute en longueur, fine et élancée, trempée dans un bain d’eau fraîche, je l’ai apportée à Emma qui reposait souffrante et fatiguée, dans sa chambre. La fleur fut déposée sur la crédence, près de la fenêtre. Parure charmante, elle enchanta, immédiatement, le regard d’Emma. La couronne de cheveux gris, qui reposait immobile et lasse depuis plusieurs jours, tourna lentement vers les pétales pourpres baignés de soleil.
Dans l’antiquité, le Sage a écrit dans le Livre des Proverbes : « Les cheveux gris sont une couronne de beauté quand ils se trouvent dans la voie de la justice.»[1] En regardant Emma étendue, là, sous mes yeux, ses belles boucles, presque blanches, encadrant son visage fin et lisse, j’y voyais toute une beauté, que, seules la sagesse et la justice peuvent refléter. C’était une vie auréolée de paix, toute de sérénité, que cette beauté.
Emma souriait. Combien d’années étaient passées depuis que Mathurin lui avait offert sa première rose ? L’esprit vif fit un rapide calcul. Les pessimistes traduiraient ce calcul par un demi-siècle. Emma n’y voyait que cinquante petites années qui avaient passé, si rapidement, qu’elle se demandait si cette rose douce et délicate n’était pas celle que Mathurin avait déposée, un soir, entre ses mains gantées de dentelle vendéenne. Emma ferma les yeux, lentement... Très lentement. Ce fut à ce moment, que je vis perler, sur un pétale pourpre de la fleur, une goutte de cristal, peut-être de rosée fraîche et pure, comme le bonheur, qui s’allongea longuement, le long du velours cramoisi de ma rose. La perle de cristal tomba sur la dentelle du napperon, sans bruit. Emma me tendit la main sans ouvrir les yeux et murmura: « Elle est aussi belle que celle que ton père m’a offerte voilà bien longtemps. Donne-la moi. » M’ma posa la rose douce et délicate sur son cœur ... ( La suite dans le recueil des Petits Repos)
Dans l’antiquité, le Sage a écrit dans le Livre des Proverbes : « Les cheveux gris sont une couronne de beauté quand ils se trouvent dans la voie de la justice.»[1] En regardant Emma étendue, là, sous mes yeux, ses belles boucles, presque blanches, encadrant son visage fin et lisse, j’y voyais toute une beauté, que, seules la sagesse et la justice peuvent refléter. C’était une vie auréolée de paix, toute de sérénité, que cette beauté.
Emma souriait. Combien d’années étaient passées depuis que Mathurin lui avait offert sa première rose ? L’esprit vif fit un rapide calcul. Les pessimistes traduiraient ce calcul par un demi-siècle. Emma n’y voyait que cinquante petites années qui avaient passé, si rapidement, qu’elle se demandait si cette rose douce et délicate n’était pas celle que Mathurin avait déposée, un soir, entre ses mains gantées de dentelle vendéenne. Emma ferma les yeux, lentement... Très lentement. Ce fut à ce moment, que je vis perler, sur un pétale pourpre de la fleur, une goutte de cristal, peut-être de rosée fraîche et pure, comme le bonheur, qui s’allongea longuement, le long du velours cramoisi de ma rose. La perle de cristal tomba sur la dentelle du napperon, sans bruit. Emma me tendit la main sans ouvrir les yeux et murmura: « Elle est aussi belle que celle que ton père m’a offerte voilà bien longtemps. Donne-la moi. » M’ma posa la rose douce et délicate sur son cœur ... ( La suite dans le recueil des Petits Repos)
[1] Extrait de la Bible, livre des Proverbes chapitre 16, verset 31
2 commentaires:
oh là là... toutes ces histoires sont joliiiiiiiiies... Mais je ne vais pas passer mon dimanche à lire!! hihi...
le proverbe est très beau ;)
Merci Caroline,
Je crois que tu en as pour plusieurs dimanche pour tout découvrir. Mais tu as le temps.
Bonne visite des blogs des Contes de Cathie.
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