..."Et puis comment être solaire quand l'humanité souffre partout, quand la douleur physique et morale, la violence, la guerre recouvrent tout?"...
Après l'auteur et le titre, cette 4° détermine mon choix. Elle le valide. Il en est ainsi pour tous les livres.Naturellement, au Relay de la Gare Montparnasse, j'ai choisi Philippe Delerm, son dernier livre. Je sais. Certains s'exclament avec envie:
" Ah, oui! Lequel?
- Le trottoir au soleil.
- Alors? répond l'interlocuteur curieux.
- Je ne sais pas. Je ne l'ai pas encore lu.
D'autres s'écrient:
- Oh! Encore lui! C'est toujours la même chose. Ca ne te lasse pas?
- Non.J'aime les moments de conscientisation profonde . Cela permet qu'on ne traverse pas la vie en pilote automatique.
- ...??? Mon interlocuteur me regarde interrogateur et se demande: " De quoi parle-t-elle?"
Pas difficile de lire dans ses pensées. Son regard parle pour lui.
- Oui. J'aime la conscientisation des émotions de la vie. Si les gens prenaient conscience de chaque moment de la vie comme s'il était unique, je suis convaincue qu'ils en seraient plus heureux.
- Oui. Enfin, un petit déjeuner, c'est un petit déjeuner! Il n'y a pas de quoi en faire un plat!
- Un plat, non. Un moment de plaisir, oui.
-???
Ce silence étonné me rappelle que je suis une extra terrestre. Que nous sommes des extra terrestres, Monsieur Delerm. Vous, moi et tous vos lecteurs qui se délectent de tous ces "autres plaisirs minuscules".
Mais mon interlocuteur ne désarme pas:
- Bon, un chagrin d'amour, tu l'oublies quand même! Tu ne conscientise pas dessus!
Là, je désarme.
En fait, en plus d'aimer les petites émotions de la vie, j'aime les mots. Et j'aime les mots avec lesquels Philippe Delerm partage ses petites émotions quotidiennes ou ses grandes émotions qui submergent le coeur dans un moment d'infini vague à l'âme.
Bref. Je sais par avance qu'avec ces quatre mots, Le trottoir au soleil, je vais me faire plaisir. Je vais me faire plaisir parce que j'aime les trottoirs au soleil, les jardins au soleil, la vie au soleil. Mon petit fauteuil d'enfant suivait les rayons du soleil derrière les carreaux des fenêtres de la maison familiale.
Prenons le temps d'apprécier les rayons du soleil qui illuminent nos journées pour nous sentir mieux.
Mais pourquoi suis-je partie à écrire ces quelques lignes?
Une fois installée dans le train 8617 direct pour Brest via Saint-Brieuc où je descendrai, j'ai exploré MON livre. Eh oui! je suis désolée, Monsieur Delerm. Ce texte vous a appartenu pendant son écriture. Maintenant, ce livre est le mien.- Y compris, les pages vierges!
Trois pages vierges. Puis la petite liste " du même auteur". Ensuite, une page pour le titre. Je savoure... La seconde de couverture: le titre en gros caractères.Page suivante, une petite note sur le vélin pur fil. Brève dédicace de François de Cornière. Encore une page vierge. Page 11: Paris Saint-Lazare deux kilomètres. Le titre du premier chapitre. J'entends d'ici, les grincheux dire: "Enfin!"
Eh bien, non. Pas enfin. Les deux kilomètres vous allez les faire à pied.Entendez par là que lorsque le premier chapitre se présente enfin à la lecture, j'en découvre la page et le titre sans lire. Surtout sans lire. C'est alors que j'entreprends la même visite à l'envers.
Dernière page: détails sur l'imprimeur. Ce livre est imprimé en France. J'aime aussi. Six pages vierges pour équilibrer les livrets d'impression. Oui, oui. J'entends toujours les mêmes, les grincheux: "Et on paie pour des pages vierges!"
Je réponds:" Parfaitement. Un livre de Philippe Delerm, ça se mérite!" J'exagère? A peine! Mais c'est vrai, Monsieur Delerm, une ou deux petites émotions de plus et les livrets étaient complets. Moi, je vous pardone. Eux, non.
Arrivent la suite des oeuvres de l'auteur. Vous en avez eu des émotions, monsieur Delerm!!! Ce que vos détracteurs ne savent pas c'est qu'en vous lisant, ils apprendraient à savourer la vie qu'ils trouvent monotone et insipide. A découvrir qu'eux aussi ont des émotions. Souvent ce n'est pas la vie qui est morne mais l'individu qui vit.
Oups! Encore une page vierge....
Trois pages d'une liste de petits moments de vie.
J'arrive sur la dernière page du texte. Là, je triche. Je ne résiste pas. Je lis la dernière phrase. Je sais. Ce n'est pas bien. Je l'ai fait quand même. Une petite phrase nominale. Paris Saint-Lazare deux kilomètres. Et je me dis que c'est bien bouclé.
Sgdl 2012O40157 http://lescontesdecathie.blogspot.com
Depuis, j'ai savouré les titres plus récemment parus avec la même stratégie d'approche, les mêmes préliminaires au plaisir...
Je viens de lire sur Libé ce qu'a écrit Ph. Lançon. Eh bien je suis heureuse d'avoir écrit ce que je viens d'écrire. Chacun ses goûts et sa sensibilité...
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